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de l'incidence de l'insexualité sur l'asexualité

Paris,

11 septembre  2011

De l’incidence de l’insexualité sur l’asexualité

« L’insexualité, c’est le refus d’un statut identitaire donné à la sexualité. La sexualité n’est pas modulable en une identité pour hétérosexuel, bisexuel ou homosexuel. Pourquoi serions-nous dans la nécessité d’exprimer une identité par la sexualité? Les homosexuels se positionnent comme différents et semblent vouloir être reconnus comme différents. Différents de qui et à partir de quoi, en opposition à qui et à quoi? Le sexe est une anatomie à combinaisons multiples qui n’a rien à voir avec la sexualité au même titre que la sexualité n’a rien à voir avec l’identité. Tout pousse à penser que le sexe est un jeu d’enfant. Ce qui nous fait dire que l’insexualité n’est autre que l’addition de la tolérance des sexes au sens anatomique du terme. »

Daniel Androvski,

Psychanalyste et Ecrivain

Le corps comme une partition

Paris,

26 janvier 2011

Nous pouvons considérer le corps comme une partition qui dès la naissance s’exprime par des cris; Aurélie Dubois affirme par son œuvre que ces cris s’écrivent même si ce qui se crie ne s’écrit pas. Au pire, ça se dessine, notamment sous la forme du sexe, de la tension, du râle et de certains hurlements. Il y a une analogie et un devenir entre le cri et le trait, ne serait-ce que phonétiquement, dans la mesure où le cri peut se transformer en son et le son en mélodie, au même titre que le trait en devenant ligne, peut devenir une harmonie de forme, comme s’il existait une musique interne à l’être humain, une musique biologique liée à sa reproduction en quelque sorte une horloge biologique. Le son passe par le corps et le corps par la ligne. Le sexe, dans la vérité, le mensonge ou le fantasme, souvent vient raconter ce que l’on ne peut plus dire. Aurélie Dubois à pris ce pari là.

Daniel Androvski,

Psychanalyste et Ecrivain

Le Soleil à rendez-vous avec la lune

Paris,

le 4 mars 2010

Tenter de résoudre oui, mais surtout que cela reste provisoire.Tel est l’axe, voire l’axiome sur et dans lequel se dilue, s’évagine et se dresse « pénienement » le dessin d’Aurélie Dubois ; sans doute à juste titre, car comment peut- on en ce début de siècle persister à faire coïter le sexe et la sexualité?

Sortira-t-on un jour du dur et du mou, du passif et de l’actif, des sombres géographies et topologies du vaginal et du clitoridien, du gras et du maigre ? En quelque sorte des thématiques oppositionnelles plus précisément de l’homme et de la femme, genèse originelle du racisme, où le pénis, l’anus et le phallus s’évaporent.

Dilution, évaporation, dysmorphophobie : c’est là où Aurélie Dubois nous donne rendez-vous. En l’occurrence, dans le labyrinthe diaphane des pulsions. Que peut-on dire encore de la sexualité sinon qu’elle n’a d'effet qu’à être régressive et ne peut prendre son sens que dans l’interdit?

Subtilement, Aurélie Dubois nous propose d’épurer, de faire sortir le venin de la morale, où la jouissance ne serait qu’un funeste brouillon mêlant le plus-de-jouir à l’esthétique du trou. De quel trou s’agit-il? Ou plus précisément de quel bord?

À suivre Aurélie Dubois, nous sommes au bord du bord, à la limite de la limite, à la croisée du soleil et de la lune, de « la croix jaune » et de « l’étoile gammée » ou de l’inverse. Qui s’en souvient ? En général tout le monde, en particulier ceux qui en ont été porteurs. Pourquoi le jaune d’ailleurs, pourquoi l’étoile surtout ; pourquoi le sadisme serait-il réservé à certains et le masochisme à d’autres? Mais parce que, faut-il le rappeler, la jouissance est rivée à la pulsion de mort et ce depuis la nuit des temps. C’est comme cela qu’elle a besoin de s’extraire, de s’écouler, de se reprendre hors de ses normes et des frontières, c’est aussi pour cette raison que la sexualité n’est rien d’autre qu’une séquence de l’enfance ne pouvant se répéter que dans l’infantile. La pensée génitale est déjà de l’ordre d’une morale, d’une préciosité dégoûtante et sans espoir, même si la seule chose dont les hommes héritent de leur mère n’est autre que le pénis ; n’oublions pas que dans les archives des oppositions, le Soleil a rendez vous avec la Lune.

Daniel Androvski,

Psychanalyste et Ecrivain

Le Trait l'Image et l'Oeil

Paris,

le 15 mars 2007

Si l'artiste n'évagine pas l'œil de l'autre, qui le fera ? Si l'œil de l'autre n'égratigne pas l'artiste, à quoi sert l'œil ? L'autre et l'œil de l'autre ?

L'intelligence d'être une mécanique optique différente s'impose, mais aussi un œil autre que l'œil de l'autre nous ramène enfin à la vision interne que certains regards trahissent.

Aurélie Dubois participe à cette trahison où l'implosion de l'image et de ses traits semble ne jamais finir, peut-être pour n'avoir jamais commencée.

Un peu comme si son chant bien plus qu'un dessin fait de calcul et de hasard nous guidait dans d'étranges et périphériques rencontres où la fausse note crée l'harmonie.

Elle semble avoir cet art de faire que le dessin, une fois donné en pâture à l'œil, se subtilise de lui-même pour faire apparaître le trait. De quel trait s'agit-il ?

Visiblement d'une ponctuation d'un être à l'autre, d'un point en quelque sorte ; mais aussi d'un trait ne représentant à fortiori qu'une succession de points. Une ponctuation au sens de l'union, au sens de l'aventure chaotique de l'amour, d'un trait d'union où ces mutants que sont l'homme et la femme s'évertuent à concrétiser dans l'idée saugrenue de faire l'amour. Aurélie Dubois démontre qu'on ne fait pas l'amour mais qu'on le défait. Le trait s'évanouit et la jouissance se dilue.

Les corps et les gestes d'Aurélie Dubois sont encombrés d'infirmités mais en même temps grièvement libres; Ils semblent jouir comme des locataires en instance d'expulsion, pris dans l'excessive idée d'être propriétaires, ne serait ce qu'un instant, d'un orgasme illusoire.

Pouvons-nous hâtivement penser que c'est du sexe dont il est question, alors qu'il ne s'agit que d'une affirmation interrogative, où le va et vient

spasmodique de l'être sexué, ses attitudes, comportements, positions, postures, le forment et le déforment avec les avantages et les inconvénients de ce que les Platoniciens appelaient l'âme, là où certains Stoïciens en vagabondage auraient nommé la psyché.

C'est d'ailleurs à ce titre et en ces termes qu'Aurélie Dubois persiste en matière de psyché voire d'imago à violer et à détourner le sens de l'image et les signes du corps porteurs de scarifications humanoïdes ;

L'être syncopé de compulsions et victime d'apocopes vient redessiner son image, comme s'il s'agissait pour Aurélie Dubois de donner un statut fixe mais éphémère à la géographie du corps et du non-corps, de l'être et du non-être, du présent-composé et de l'imparfait-futur ;

Conjugaison surréaliste, dont les artistes devraient s'inspirer pour définitivement se mettre en marge de la mode, du contemporain et du moderne.

Décorporéiser l'écoute de l'image et du corps pour laisser voir le son, voilà la question. De quel son s'agit-il ? Peut-être d'un hurlement.

Daniel Androvski,

Psychanalyste et Ecrivain

L'urgence, la garde et l'avant garde

Paris,

octobre 2008

Avec Aurélie Dubois la question enfin se pose. Comment trouver dans les méandres des Galeries d’Art en ce début de XXIème siècle une « artiste de garde » ? Une artiste de garde au sens où s’impose au médicastre le devoir de garder c’est-à-dire d’être là. Où est-elle ? Nul ne le sait et d’ailleurs cela n’intéresse personne ; en dehors de quelques êtres esseulés de sexe masculin que la confusion entre le désir et ses arabesques taraude.

 

Alors que garde-t-elle ? Sinon comme elle le signifie elle-même la ligne. S’agit-il d’une ligne de conduite ? de mire ? ou plus vraisemblablement d’une ligne de fuite. Ce genre de ligne dont on manque férocement et qui a pour charme de dérouter les employés aux écritures, les ronds-de-cuir de l’interdit, les plumitifs de l’ordre et de la raison pudibonde ; bref une ligne de fuite qui fait que l’on s’égare avec toute la jouissance des fugues infantiles.

 

L’urgence est là : fuir, s’évader, se sauver du marasme que l’érotisme et le corps figent et statufient ; en quelque sorte une débandade où Aurélie Dubois défraie la chronique du corps en chronicisant ses défauts et ce dans le mutisme absolu et le silence tapageur du trait. À quoi servent les cheveux, les jambes, le sexe, les mains ? À quoi servent les oreilles, le nez, les ongles, à rien bien sûr, sauf à participer à une émouvante démangeaison. À quoi servent en effet ces excédents que le corps dénonce ? Celui-ci d’ailleurs ne peut-il vivre sans ces conventions normatives, précieuses au demeurant. (cf. M. M.)

 

Aurélie Dubois, prise dans l’urgence de dire le corps, hystérise cet amas groupusculaire, érectile et graisseux ; Elle le désengourdit au nom du sens mais aussi l’anesthésie en connivence avec le signe tout en le ridiculisant du charlatanisme que la différenciation sexuelle exprime. S’exprimer ou primer le sexe pourrait ressembler à la question majeure de l’œuvre d’Aurélie Dubois. Cette interrogation majeure est caduque, elle n’est qu’un leurre.

 

Le corps n’a malheureusement rien à voire avec le sexe et réciproquement car ils ne sont l’un et l’autre voir l’un dans l’autre que l’expression d’une tragique trahison que l’idée surfaite de la jouissance rassure. Ce qu’elle nous apprend par ses dessins, parce qu’elle semble l’avoir compris, c’est l’existence du mutant chez l’homme que le phantasme et l’inconscient stigmatisent. Elle fait du sexe comme on fait des enfants tout simplement parce que les enfants se font avec le sexe et ce dernier avec les enfants que nous avons nous-mêmes étés. Donc, comme nous pouvons le constater, tout est simple, c’est en ce sens qu’Aurélie Dubois se garde bien de l’avant-garde. Elle a raison.

 

Daniel Androvski,

Psychanalyste et Ecrivain

 

* Martin Monestier – Les Monstres – Édition du Pont Neuf

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